Un premier voyage à Washington en 5 ans pour François Legault

François Legault se rend à Washington pour la première fois depuis cinq ans. Après quelques rencontres avec des acteurs clés du secteur de l’aluminium, officiellement visé par une taxe douanière de 25%, le premier ministre se joindra à ses homologues pour faire front commun contre les tarifs de Donald Trump.
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Le premier ministre doit arriver mardi dans la capitale américaine. Il prévoit répondre aux questions des journalistes vers 17h15. En après-midi, il se rendra aux bureaux de la Délégation du Québec à Washington, situés à quelques pas de la Maison-Blanche, pour participer à quelques réunions organisées par son cabinet.
Il rencontrera des représentants de la National Association of Home Builders, de l’Aluminium Association, de Rio Tinto et d’Alcoa. Ce n’est pas un hasard, puisque Donald Trump a finalement signé un décret, lundi, officialisant sa menace d’imposer des tarifs de 25% sur l’aluminium et l’acier canadiens, et ce, à compter du 4 mars, selon Bloomberg.
Première réaction
«Donald Trump a décidé d’imposer des tarifs de 25% sur l’aluminium et l’acier. Une décision totalement injustifiable. Le Québec, je le rappelle, est le plus important exportateur d’aluminium vers les États-Unis», a réagi François Legault en soirée, sur X.
«Je serai à Washington dès demain [mardi] pour défendre vigoureusement les intérêts du Québec et protéger nos travailleurs», a-t-il ajouté.
Dans un autre micromessage publié dimanche, François Legault a dénoncé l’intention annoncée par Donald Trump d’imposer cette taxe douanière visant spécifiquement l’acier et l’aluminium, alors qu’un sursis de 30 jours avait soi-disant été accordé au début du mois.
Le premier ministre a souligné qu’il s’agissait de deux «secteurs dont les États-Unis dépendent en majeure partie».
«Le Québec leur exporte 2,9 millions de tonnes d’aluminium, soit 60% de leurs besoins. Préfèrent-ils s’approvisionner en Chine?» a soulevé M. Legault, avant que Donald Trump ne signe le décret en question.
«Tout cela démontre qu’on doit commencer à renégocier notre entente de libre-échange avec les États-Unis au plus vite et ne pas attendre la révision prévue en 2026. On doit mettre fin à cette incertitude», disait M. Legault la veille.
Lors d’une tournée en Beauce, jeudi dernier, le premier ministre a promis de soutenir les entreprises touchées en déployant différents programmes d’aide.
Ford à l’avant-plan
Mercredi, tout porte à croire que c’est son homologue ontarien, Doug Ford, qui mènera la charge, en sa qualité de président du Conseil de la fédération.
Doug Ford, qui est en campagne électorale en Ontario, participera lui aussi à une série d’activités organisées par son équipe à Washington, mardi.
Il prononcera notamment une allocution devant l’American Chamber of Commerce en avant-midi et participera à une discussion «autour du feu» avec des partenaires dans un hôtel.
En soirée, il prendra part à une réception à la bibliothèque du Congrès coorganisée avec le sénateur républicain du Dakota du Nord, Kevin Cramer, connu entre autres pour ses positions climatosceptiques et son désir d’intensifier l’exploitation pétrolière et gazière.
Peu de voyages dans la capitale
La dernière fois que François Legault s’est rendu dans la capitale américaine remonte à 2020, pour la rencontre annuelle des gouverneurs des États américains. Contrairement à son prédécesseur Philippe Couillard, François Legault n’a pas fait une habitude d’y participer.
Depuis son élection comme premier ministre en 2018, François Legault a la plupart du temps délégué les voyages à des ministres clés tels que Pierre Fitzgibbon, qui a démissionné l’automne dernier, et Martine Biron, chargée des Relations internationales.
C’est d’ailleurs ce qui fait dire au Parti libéral du Québec et au Parti Québécois qu’il faut, dans le contexte actuel de tensions avec les États-Unis, multiplier les missions à l’étranger.
M. Legault s’est tout de même rendu à Boston en 2018, puis à New York, à Washington et à Los Angeles en 2019. L’entourage de M. Legault rappelle cependant que la pandémie a limité les possibilités de voyager pendant plusieurs mois, au cours du premier mandat. M. Legault est retourné dans la Grosse Pomme en 2023, pour un sommet des Nations unies.
Comme les partis d’opposition, la ministre Martine Biron et le premier ministre François Legault martèlent, depuis plusieurs jours, qu’il faudra diversifier nos échanges commerciaux avec le reste du monde afin de diminuer notre dépendance au marché américain.