Un ex-ingénieur accusé de crimes sexuels sur des enfants brise plusieurs conditions de remise en liberté

SAINT-HYACINTHE | Un père regrette amèrement d’avoir mis en contact ses enfants avec un ingénieur en qui il avait confiance, alors que ce dernier est parvenu à cacher être accusé notamment pour de la pornographie juvénile et un complot d’agression sexuelle.

«On n’avait aucune crainte, car on ne savait pas. On ne se méfiait pas. Si je l’avais su, je n’aurais jamais mis ma famille en contact avec lui», avait expliqué Alex Beauregard au procès de Julien Béliveau.

Ce dernier a été déclaré coupable mardi au palais de justice de Saint-Hyacinthe pour avoir brisé quatre conditions imposées par le tribunal.

Béliveau avait été remis en liberté dans l’attente de son procès pour plusieurs crimes, dont voyeurisme, production de pornographie juvénile et complot d’agression sexuelle. L’ex-ingénieur n’avait pas le droit d’être en présence de mineurs ni de se trouver dans un endroit public où il pourrait y en avoir.

L’homme de 41 ans de Saint-Mathias-sur-Richelieu s’est tout de même lié d’amitié avec Alex Beauregard, un père de famille, après lui avoir acheté des poissons. Au printemps 2023, ils se sont même associés pour un projet d’affaires avec un troisième ami. Personne n’était au courant des démêlés judiciaires de Béliveau.

Dans son bureau avec des enfants

L’accusé se rendait presque quotidiennement au commerce de vente de poissons. La clientèle était surtout constituée de familles avec de jeunes enfants et d’adolescents qui venaient admirer les animaux aquatiques.

Alex Beauregard y amenait parfois ses deux enfants, par exemple lors d’une journée de grève ou pendant l’été. Béliveau a notamment montré à sa fille à dessiner sur une tablette et a aidé son fils à fabriquer une épée.

«Il disait: “Les enfants vont être plus en sécurité dans son bureau.” C’était moins dangereux, car il y avait de la vitre en bas», dans le magasin, avait témoigné M. Beauregard au procès.

L’accusé a aussi passé un week-end dans un camping familial, où il a fait du bateau et des activités nautiques en présence de plusieurs enfants.

Un écran de fumée

Alex Beauregard a découvert le pot aux roses en effectuant une recherche internet sur l’accusé. Il est tombé sur des articles détaillant les accusations contre lui. Il s’est rendu au palais de justice pour vérifier le dossier de son ami, puis au poste de police pour le dénoncer.

«C’était encore plus bouleversant. Ç’a mis ma famille, mes enfants, en danger. On s’est aperçus qu’on ne connaissait pas du tout ce monsieur-là», avait déploré M. Beauregard.

Il lui avait rapidement envoyé une mise en demeure pour s’assurer qu’il ne se présente plus au magasin.

À son procès, Béliveau a nié avoir brisé ses conditions. Le juge Christian Jarry n’a toutefois pas cru à son témoignage-fleuve. «Il livre un récit savamment articulé de quelqu’un qui s’exprime bien, mais il ne s’agit de rien de plus qu’un écran de fumée», a dit le magistrat.

Dans le box des accusés, Béliveau, qui portait un chic complet gris, n’a pas bronché pendant le verdict. Il a écopé de neuf mois de prison pour non-respect des conditions.

Il subira ultérieurement son procès sur les accusations principales. Dans ce dossier, il était coaccusé avec une femme à qui on reprochait aussi une agression sexuelle sur des enfants non identifiés. Mélissa Campeau-Lebeau est toutefois décédée pendant les procédures judiciaires.