Un ex-entraîneur de hockey aurait exploité sexuellement deux jeunes joueuses

Un entraîneur d’une équipe féminine de hockey subit son procès pour exploitation sexuelle parce qu’il aurait profité de son statut pour entretenir des relations intimes avec deux jeunes joueuses.

«[Après], j’étais stressée, j’avais peur de décevoir mes parents, qu’ils apprennent ce qu’il venait de se passer. Je n’étais pas bien avec la situation, mais je n’étais pas capable de savoir pourquoi», a témoigné une femme de 34 ans, en relatant des faits qui seraient survenus il y a 18 ans.

Elle faisait alors partie d’une équipe de hockey mineur sur la Rive-Sud de Montréal.

Tommy Bédard était un des entraîneurs.

Ce dernier fait face à des accusations d’exploitation sexuelle et incitation à des contacts sexuels.

Il aurait profité de sa position d’entraîneur pour entretenir des relations intimes avec deux adolescentes de l’équipe, au printemps 2007.

La première témoin a raconté en salle d’audience comment elle se serait retrouvée dans le lit de son coach alors qu’elle n’avait que 16 ans. Lui en avait 25.

Un confident

Aux yeux de l’adolescente, l’homme n’était pas comme les autres adultes, mais plutôt un ami.

Ils clavardaient via la plateforme MSN, y discutaient de leurs amours, de leur vie personnelle, a raconté celle dont l’identité est protégée par un ordre de la cour.

Selon elle, il y avait un «clash» entre les moments où ils discutaient ensemble et lors des activités de hockey.

La relation était «plus formelle» sur la glace, a-t-elle témoigné.

Celui qu’elle a toujours connu sous le surnom de Tom Bédard n’était pas l’entraîneur principal de l’équipe, mais il était très impliqué dans les stratégies.

Il décidait de qui jouait sur quelle ligne, qui était sur la glace lors des jeux de puissance, a-t-elle expliqué.

À l’époque, celle qui était en 5^e secondaire était «fragile, gênée, immature». Le coach la complimentait, lui disait qu’elle était jolie. Il était un véritable confident, a-t-elle relaté.

Un soir de printemps, il serait venu la chercher à deux coins de rue de chez elle, pour ne pas alerter les parents de l’ado.

Des «flashs»

Il a voulu la faire rentrer dans un bar malgré son jeune âge, mais c’est finalement chez lui qu’ils sont allés, a témoigné la femme, à l’attention du juge Marc-Antoine Carette.

Ils y auraient dormi, collés dans son lit. C’est le lendemain matin qu’ils auraient eu une relation sexuelle. L’événement lui revient encore par «flashs», a-t-elle dit.

Elle en aurait parlé à quelques proches dans les années suivantes. Mais à l’époque, elle ne prenait pas conscience que cette proximité était problématique, a-t-elle ajouté.

Elle a attendu en 2020 pour en parler à ses parents. Deux ans plus tard, elle a porté plainte à la police, après avoir appris qu’une autre co-équipière aurait aussi été victime du coach, à la même période.

«Aujourd’hui, je me demande si je n’aurais pas dû en parler, d’un coup qu’il y aurait d’autres personnes qui ont vécu ça…», a-t-elle laissé tomber.

La Couronne, représentée par M^e Anne Gauvin, entend d’ailleurs présenter une preuve de faits similaires afin, notamment, de démontrer le modus operandi.

Le procès doit se poursuivre toute la semaine.

L’accusé est représenté par M^e Mathieu Bourgon.