Prends deux «Advil» et ton mal de tête disparaîtra

Laurent Dubreuil, natif de Lévis, connaît une carrière exceptionnelle de patineur de vitesse de longue piste. Ses parents, Robert et Ariane, ont connu de belles carrières en patinage de vitesse. Même si ces derniers n’ont jamais exigé qu’il suive leurs carrières, c’était important pour eux que Laurent comprenne qu’il y a une après-carrière. Le parcours de son père a eu une certaine influence sur lui. Laurent, tout comme son père, a participé aux Jeux olympiques et il a un baccalauréat en communications.
Prends deux Advil et ton mal de tête disparaîtra.
Je suis en Sec III lorsque j’ai subi mes deux commotions cérébrales. La première fois c’était dans le gymnase de l’école lors de matchs de hockey-balle et de basketball qui se disputaient en même temps. Je jouais au basketball et j’ai eu une si violente collision avec un joueur de hockey-balle que j’en ai perdu conscience.
Tu te réveilles en bedaine assis sur une chaise.
Je ne me souviens absolument de rien de ce qui s’était passé. Je suis complètement perdu en écoutant les personnes qui me posent des questions, et encore plus lorsque je suis retourné dans ma classe.
Tu as répondu la même chose à 14 questions différentes.
J’avais une bonne moyenne à l’école, mais cette fois-ci, en cours de biologie, j’étais tellement perdu que j’ai répondu la même chose à quatorze questions différentes sur l’anatomie du cœur d’une personne, soit l’aorte.
Revenons à tes deux Advil.
Après mes classes, je suis allé chez le médecin avec ma mère. À l’époque, il faut se rappeler que les médecins n’avaient aucune idée des conséquences d’une commotion cérébrale. J’étais tellement confus que je ne me suis pas souvenu de mon âge. Le docteur m’a tout simplement dit : « prends deux Advil et ton mal de tête disparaîtra ». Pendant un mois, j’ai eu de violents maux de tête et je ne suis même pas allé à l’école.
Ta deuxième commotion cérébrale a mis fin à ta carrière de patineur de vitesse en courte piste.
J’ai adoré le défi de la compétition en courte piste jusqu’au jour où j’ai donné contre la bande après être entré en collision avec un autre athlète. La blessure a été une fois de plus une commotion cérébrale. Deux fois en trois mois, cela a suffi pour que je me rende compte que je devais poursuivre ma carrière en longue piste.
Quelle a été l’influence de tes parents ?
La première fois que j’ai vu mes parents dans une compétition, j’avais 17 ans et c’était sur YouTube. Mon père a toujours travaillé avec acharnement, détermination et fierté afin de relever un défi. Quant à ma mère, elle faisait partie du groupe de mes entraîneurs à Lévis dès l’âge de mes sept ans, jusqu’à ma sélection à dix-sept ans au sein de l’équipe nationale.
Est-ce que tu as un regret ?
Je regrette tellement de ne pas l’avoir écoutée plus attentivement. Mais encore une fois, j’étais comme n’importe quel autre jeune qui n’écoutait pas toujours sa mère. Sans aucun doute mes parents m’ont inculqué l’importance que la persévérance a dans la vie.
La persévérance de ta mère ressemble à la tienne.
Et comment ! À l’âge de trente-trois ans, mère de trois enfants, elle est retournée aux études. Pour ma part, en raison de mon parcours sportif, j’ai dû étudier rarement en présentiel, mais surtout à distance. Il m’a fallu six ans pour compléter mon cégep à Garneau. Enfin cette année à l’âge de 31 ans, après neuf ans à l’Université de Laval, je viens d’obtenir mon baccalauréat en communications.
As-tu participé à des activités parascolaires ?
J’ai fait beaucoup de sports autres que le patinage de vitesse. J’ai joué dans la pièce musicale Grease comme figurant, car cela me permettait de manquer des cours pour assister aux répétitions.
Où alliez-vous avec vos parents durant l’été ?
Ma sœur, mon frère et moi, grâce à nos parents, on a pu voyager en minivan à la découverte du Québec, du Nouveau-Brunswick, de Virginia Beach et même assister à l’un des derniers matchs des Expos à New York. Le lanceur partant des Mets était le légendaire Tom Glavine.
Tu as vécu un rêve d’un joueur de hockey Midget AAA qui pratiquait avec les joueurs de la LNH.
À seize ans, j’avais le talent de me joindre à l’équipe nationale mais j’étais trop jeune, étant donné que j’étais toujours à l’école secondaire. Ce fut une année mémorable, car c’était une année olympique qui m’a permis de m’entraîner avec les meilleurs patineurs du Canada.
Ta future épouse a pris la relève de ton père.
La première fois que j’ai rencontrée Andréanne, j’ai cru qu’elle serait la femme de ma vie. Une fois à l’université, c’est elle qui me motivait continuellement de ne pas lâcher. C’est elle le cœur de notre famille.
Les sacrifices qu’elle fait me permettent de poursuivre ma carrière, je ne sais pas si j’aurais pu les faire si les rôles étaient inversés. Cette épouse et mère de deux enfants est remarquable.
Vous aimeriez que vos enfants puissent voir le paternel à l’œuvre.
La petite Rose, âgée de cinq ans, qui adore la gymnastique, a vu son père à l’œuvre. Tandis que, si nous désirons que notre fils de deux ans, Nathan, me voie en action, je devrais poursuivre ma carrière pendant quelques autres années.
Tu racontes des histoires à ta fille à l’heure du coucher.
Cette semaine je lui ai dit que j’avais raconté toutes les histoires de ma carrière plus d’une fois. Rose m’a regardé avec son beau sourire pour finalement me dire : « Papa, raconte-moi l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale ». Rose n’a que cinq ans !