Pas un sou de plus de Québec dans Lion Électrique

Arrive un moment où il faut donner la «chance» au secteur privé d’investir ou de réinvestir lui-même dans une compagnie vouée à l’origine à un bel avenir, comme c’était supposément le cas avec Lion Électrique!

C’est pourquoi le gouvernement Legault, que ce soit par l’entremise du ministère de l’Économie, du Fonds de développement économique (FDE), d’Investissement Québec (IQ) ou de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ), ne devrait pas réinjecter une cenne de plus dans Lion Électrique. Laquelle compagnie est aujourd’hui dans la dèche.

1. COMBIEN LES CONTRIBUABLES ONT-ILS INVESTI DANS LION?

Depuis 2020, nous avons «investi» la colossale somme de 212,5 millions de dollars de fonds publics dans Lion Électrique, dont un montant de 108,8 millions en prêts et débentures de la part du ministère de l’Économie et de son FDE; un montant de 38,7 millions en actions et prêt en provenance d’Investissement Québec; une facilité de crédit de 15 millions de la CDPQ; plus un prêt fédéral de 50 millions d’Innovation Canada.

À cela s’ajoutent des prêts de 32,5 millions consentis à Lion Électrique par les deux fonds fiscalisés, lesquels doivent leur «vie» aux généreux crédits d’impôt gouvernementaux de 30%. Le Fonds FTQ a avancé 25 M$ et Fondaction de la CSN un montant de 7,5 M$.

Lion Électrique a ainsi bénéficié jusqu’à présent d’une aide financière totale de 245 millions de dollars à même les proches des contribuables.

C’est assez!

2. POURQUOI LAISSER LA CHANCE AUX INVESTISSEURS PRIVÉS?

Comme on sait, Lion Électrique est aujourd’hui au bord du précipice. Pour survivre et ainsi convaincre ses banquiers de ses chances de survie, Lion Électrique doit absolument persuader de gros investisseurs de réinjecter des dizaines de millions de dollars dans la compagnie.

J’invite donc les deux principaux actionnaires de Lion Électrique à réinvestir eux-mêmes de l’argent dans leur propre compagnie. Corporation Énergie Power, dont le contrôle est exercé par la famille Desmarais (Power Corp), détient 34% des actions de Lion Électrique, et la compagnie 9368-2672 Québec Inc. du président fondateur Marc Bédard possède 11,47% des actions.

On s’entend qu’à elle seule, la milliardaire famille Desmarais a les moyens de sauver Lion Électrique… si elle y croit encore!

3. ET SI LE PRÉSIDENT FONDATEUR RÉINVESTISSAIT UNE PARTIE DE SES 28 MILLIONS DE PROFITS?

Quant au président fondateur de Lion Électrique, Marc Bédard, je l’inviterais à réinvestir une portion des gains en capital de 28 millions de dollars qu’il a empochés en 2021 à la suite de l’entrée en Bourse de Lion.

Bédard avait liquidé en 2021 quelque 2,4 millions d’actions, dont 1,5 million par l’entremise de son holding et 900 000 à titre de propriété directe. À cette époque, l’action de Lion se négociait dans la fourchette allant de 14 à 16$ la pièce.

Dans la foulée de la chute de l’action en 2022 et 2023, Bédard avait réinvesti 1,8 million$. La dégringolade s’est poursuivie…

4. QUELLES SONT LES CHANCES DE SURVIE?

À la suite des incertitudes de survie, l’action de Lion est tombée vendredi dernier jusqu’au plancher de 25 cents.

Hier après-midi, l’action se négociait près des 50 cents, en raison des négociations secrètes avec des «investisseurs» visant le sauvetage de l’entreprise et des mises à pied temporaires de 400 employés.

Outre les Desmarais et Marc Bédard, des entrepreneurs privés, comme la Fondation Mirella et Lino Saputo ainsi que Groupe Mach, pourraient réinjecter davantage d’argent dans Lion Électrique.

En autant, bien entendu, qu’ils aient confiance dans les chances de survie de l’entreprise.

Surveillons-les!