«On ne peut pas se permettre ça»: des locataires découragés par leur hausse de loyer

Des locataires montréalais sont complètement découragés d’être confrontés à des hausses de loyer sans précédent, dont certaines atteignent même près de 50%.
«C’était très surprenant de recevoir le double des augmentations qu’on avait reçues dans les deux dernières années», laisse tomber Nicolas Andrieu, qui vit avec son épouse et ses deux enfants de 13 et 15 ans.
La gestionnaire de leur triplex leur a envoyé un avis d’augmentation de 150$, soit 6,3% de leur loyer mensuel de 2382$ pour un cinq et demi dans l’arrondissement de La Petite-Patrie.
C’est deux fois plus que le total des augmentations depuis son arrivée en juin 2022, soit de 82$ au total.
Sans précédent
Pour l’année 2025, le TAL suggère une hausse moyenne de 5,9% pour un logement non chauffé qui n’a pas subi de réparations majeures, du jamais vu en 30 ans.
Et certains propriétaires n’hésitent pas à demander beaucoup plus.
C’est près de 50% pour Cécile* et Françoise*, deux colocataires qui n’ont pas voulu dévoiler leur véritable identité par crainte de représailles de leur nouveau propriétaire.
Le loyer de leur cinq et demi de l’arrondissement de Ville-Marie passera de 1010$ à 1500$, une hausse qui ne correspond pas du tout à la grille de calcul du TAL, selon elles.
«On ne peut pas se permettre ça», souligne Cécile*, qui est pigiste dans le milieu des arts.
Elle et sa colocataire affirment recevoir quantité de messages les invitant à déménager si elles refusent l’augmentation.
Pour sa part, Alexandre a réussi à négocier son augmentation de loyer à 9,5% après avoir reçu une augmentation de 12%, ce qui représente plus de 100$ par mois.
«C’est quand même l’équivalent d’une épicerie par semaine, mais ça correspondait à la grille du TAL. Techniquement, elle aurait pu dire non», dit l’enseignant montréalais, qui n’a pas voulu donner son nom de famille pour ne pas attirer les foudres de son propriétaire.
Des comités logement débordés
Les comités logement sont assaillis de demandes de locataires confrontés à des hausses importantes de loyer.
«Je n’ai jamais vu ça en 23 ans. On se croirait dans une clinique médicale», lance le coordonnateur du Comité logement Ville-Marie, Éric Michaud.
«On reçoit énormément d’appels, de courriels de locataires», abonde la porte-parole du FRAPRU Véronique Laflamme.
«Les locataires ne savent pas trop comment ils vont absorber ça. Ils vont devoir couper dans d’autres dépenses essentielles. La marge de manœuvre, elle devient de moins en moins grande», ajoute-t-elle.
À vérifier avant de signer
- L’avis de renouvellement de loyer devrait comprendre trois choix: accepter le renouvellement avec les modifications, refuser les modifications et renouveler le bail, ou encore ne pas renouveler;
- L’augmentation respecte ou non la grille de calcul du TAL, selon les taxes et les réparations qui ont été faites. Notez que les réparations à venir ne devraient pas être comptabilisées;
- Vous avez 30 jours après la réception de l’avis pour accepter ou refuser.
Source: FRAPRU