Mises à pied d’Amazon: explosion de 43% des licenciements collectifs en un an au Québec

Alors que près de 160 000 emplois pourraient s’envoler avec les tarifs de Trump, une compilation du Journal révèle que les quelque 2000 mises à pied récentes d’Amazon ont fait bondir les licenciements collectifs de 43% en l’espace d’à peine un an.
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«On était en plein travail à l’entrepôt. Ils nous ont annoncé cela. Ça a traumatisé tout le monde. On n’est pas arrivés à bien travailler ce jour-là», se souvient Bechir Yacouba, 35 ans, qui travaillait comme commis à l’entrepôt d’Amazon de Laval.
«Ça a été un choc. Ce n’est pas respectueux. Ce n’est pas considérant», poursuit celui qui gagnait un peu plus de 20$ l’heure.
Bechir Yacouba a mal au dos depuis qu’il a travaillé chez Amazon, à Laval. Il dit qu’il encore a parfois des douleurs jusqu’aux genoux.
Photo fournie par BECHIR YACOUBA
Comme lui, plus de 20 434 Québécois ont perdu leur gagne-pain dans des licenciements collectifs l’an dernier, comparativement à 14 251 une année plus tôt, selon des données colligées par Le Journal. C’est une hausse de 6183 renvois ou de 43%.
Un licenciement collectif, c’est lorsque l’on remercie plus de 10 travailleurs pour six mois au plus, selon le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS).
En raison des mises à pied massives d’Amazon, le secteur de la messagerie a été lourdement secoué, si l’on se fie aux statistiques du MESS (voir tableaux).
Ombre des tarifs
Pour Florence Jean-Jacobs, économiste principale de Desjardins, l’emploi devrait se détériorer au deuxième trimestre avec l’incertitude de la politique commerciale américaine.
Elle évoque l’indice de confiance des entreprises, qui «a chuté à un creux historique en mars», d’après la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Le manufacturier, le commerce de gros, le transport et l’entreposage devraient y goûter, estime l’institution financière.
«On s’attend à ce qu’il y ait une baisse marquée des revenus dans ces industries-là en raison des tarifs douaniers», résume Florence Jean-Jacobs.
Florence Jean-Jacobs, économiste principale chez Desjardins
Photo fournie par DESJARDINS
De son côté, Emna Braham, PDG de l’Institut du Québec, affirme que les menaces répétées de l’administration Trump ont déjà ébranlé l’économie.
«Juste l’incertitude et le chaos ont déjà un impact », observe-t-elle.
«On a surtout vu en 2024 des employeurs plus hésitants à faire de nouvelles embauches, alors qu’avec la crise de la guerre commerciale, il y a énormément d’imprévisibilité», conclut-elle.
Faits saillants
Le Salon de l’emploi de L’Événement Carrières se tiendra les 2 et 3 avril prochains au Palais des congrès de Montréal «dans un contexte d’incertitude économique marqué par une hausse des mises à pied», selon les mots des organisateurs.