L’obésité, c’est dur pour les genoux

Chez les personnes obèses, une perte de poids significative diminue radicalement la douleur associée à l’arthrose du genou.
La forme d’arthrite la plus fréquente est l’ostéo-arthrite (aussi appelée arthrose), caractérisée par une dégradation progressive du cartilage articulaire qui protège l’os. Ces altérations à l’os peuvent être très douloureuses et incapacitantes et rendre difficile l’accomplissement de mouvements articulaires aussi simples que bouger les doigts, tourner les poignets ou encore fléchir les genoux.
Le genou est d’ailleurs la principale articulation touchée par l’arthrose (80% des cas) et sa prévalence a plus que doublé au cours des dernières décennies, notamment en raison de l’augmentation importante du nombre de personnes en surpoids dans la population(1).
Squelette sous pression
Les personnes obèses ont en effet un risque plus élevé de développer de l’arthrose du genou, en raison de la pression mécanique supplémentaire qu’impose le surpoids sur l’articulation. L’effet négatif de cette surcharge est également amplifié par les nombreuses molécules inflammatoires produites par les cellules adipeuses en réponse à l’excès de graisse, ce qui a pour effet d’aggraver la douleur et la perte de cartilage au niveau de l’articulation.
Donc, en plus de représenter une condition favorisant le développement de plusieurs maladies graves, incluant plusieurs cancers, l’obésité peut également entraîner des effets négatifs majeurs sur la structure même du corps.
La perturbation de fonctions physiques de base, comme marcher, monter un escalier ou encore se lever d’une chaise, mène nécessairement à une diminution importante de l’autonomie et de la qualité de vie des personnes arthrosiques.
Perte de poids bénéfique
La perte de poids et l’activité physique sont généralement recommandées comme approche de première ligne pour soulager les douleurs de l’arthrose du genou causée par l’obésité. L’impact réel de ces modifications au mode de vie demeure cependant difficile à quantifier, car: 1) les pertes de poids obtenues par la plupart des régimes amaigrissants sont la plupart du temps assez minimes et ne peuvent donc pas avoir d’impacts majeurs sur la pression exercée sur l’articulation et 2) la douleur provoquée par cette maladie peut empêcher les personnes de faire de l’exercice.
Le développement récent des médicaments analogues du GLP-1 comme le semaglutide (Ozempic) représente une bonne opportunité de mettre en évidence les bénéfices de la perte de poids sur les douleurs causées par l’arthrose du genou. Ces médicaments ont en effet comme propriété de diminuer radicalement l’appétit et causent du même coup des pertes de poids importantes, du même ordre que celles typiquement observées à la suite de la chirurgie bariatrique.
Cet impact du semaglutide a récemment été testé auprès de 407 personnes très obèses (IMC moyen de 40) affectées par des douleurs chroniques causées par l’arthrose du genou(2). Les participants ont été séparés aléatoirement en deux groupes, soit un groupe contrôle (n=136) ayant reçu un placebo et un groupe expérimental (n=271) traité avec le semaglutide (injection de 2,4 mg, une fois par semaine).
Après 68 semaines de traitement, les résultats indiquent que le semaglutide a généré des pertes de poids corporel moyennes d’environ 10% supérieures au placebo (ce qui correspond à environ 10 kg) et que ces pertes de poids sont associées à une diminution considérable de la douleur ressentie par les volontaires, de même qu’à une amélioration notable de leur capacité à réaliser des gestes quotidiens comme monter un escalier.
L’arthrose du genou s’ajoute donc à la longue liste des maladies causées par l’obésité et dont les effets négatifs sur le corps humain peuvent être atténués par la perte de poids. Il faut cependant garder en tête que des médicaments comme Ozempic devraient être considérés comme des solutions de dernier recours, pour traiter les personnes très obèses et qui sont à très haut risque de complications.
Ces médicaments sont très coûteux, présentent de nombreux effets secondaires, dont certains assez graves (comme les pancréatites), et les pertes de poids qu’ils permettent d’obtenir sont réversibles, c’est-à-dire que l’arrêt de la médication est associé à un regain assez rapide du poids perdu.
À l’échelle de la population en général, la seule véritable solution aux nombreux problèmes qui découlent du surpoids demeure beaucoup de prévenir l’excès de poids que de le traiter temporairement à l’aide d’une approche pharmacologique.
(1) Wallace IJ et coll. Knee osteoarthritis has doubled in prevalence since the mid-20th century. Proc. Natl Acad. Sci USA 2017;114: 9332-9336.
(2) Bliddal H et coll. Once-weekly semaglutide in persons with obesity and knee osteoarthritis. N. Engl. J. Med. 2024; 391: 1573-1583.