Les petits lapins se couchent tôt

Je vous le jure.

Je me suis levé hier en me disant que je n’écrirais pas sur les petits lapins.

N’importe quel sujet, mais pas les petits lapins.

«Je vais leur donner une pause, que je me suis dit. Après tout, qui sait? Ils ont peut-être pris des résolutions le 1^er janvier, donnons la chance au coureur…»

Et puis j’ai lu la longue entrevue que la journaliste de La Presse Marie-Ève Fournier a réalisée avec Normand Laprise, le propriétaire du célèbre restaurant Toqué, à Montréal.

Et je me suis dit: «Bah! Je vais écrire sur les petits lapins, finalement.»

Pas facile de gérer un resto en 2025! «PAS APRÈS 21h30»

Normand Laprise dit qu’il a eu de nombreux problèmes au cours des dernières années.

De graves problèmes de santé, mais aussi des problèmes de gestion.

Dont la gestion des ressources humaines.

Le staff, comme on dit.

Les serveurs, les employés en cuisine.

«Pendant 30 ans, on fermait le restaurant à 22h30 et jamais personne ne s’en est plaint, a-t-il dit à la journaliste. Mais les jeunes trouvaient ça trop tard. Maintenant, on ferme à 21h30, ce qui nous fait perdre de 8 à 10 clients par soir. Faites le calcul, à 200$ chacun, de ce que ça représente sur un mois, sur une année…»

Vous avez bien lu.

Des jeunes vont travailler au Toqué, l’un des restaurants les plus cotés en Amérique, pour ne pas dire au monde, et ils veulent partir… à 21h30.

Parce que 22h30, c’est trop tard.

Me semble que si tu veux arrêter de travailler à 21h30, tu ne travailles pas dans la restauration, saint bordel!

Ou si oui, tu travailles dans la cafétéria d’une résidence pour personnes âgées!

À 17h, ils mangent leur soupe et leurs biscuits soda. À 18h, la vaisselle est rangée, les nappes sont pliées, merci, bonsoir!

C’est quoi, ces jeunes-là?

On s’en va où, comme société, avec des travailleurs comme ça?

«Je veux finir à 21h30, car il n’y a pas que le travail dans la vie, il y a aussi le plaisir…»

Cibole!

Comment tu peux gérer un restaurant avec de telles demandes?

Vous me direz qu’après la fermeture du resto, à 21h30, il reste encore plein de choses à faire, ranger, laver la vaisselle, préparer le resto pour le lendemain, etc.

Eh, oui.

Ça s’appelle «travailler dans un resto du centre-ville».

Pas le centre-ville de Saint-Glin-des-Meuh-Meuh, où les gens se couchent à 20h, car ils doivent traire les vaches le lendemain matin.

Mais le centre-ville de Montréal.

Allô?