L’empereur d’Airbnb a fait chavirer la vie du chef d’un ancien restaurant réputé de Montréal

La vie d’ex-propriétaires du restaurant gastronomique H4C, parmi les plus réputés de Montréal, a basculé après qu’ils se sont associés à Michael Roman, un voleur ayant changé de nom.
«Je me retrouve sans ma réputation. J’ai été cuisinier toute ma vie par passion, puis on vient de me couler ma passion», résume l’ancien chef, Dany Bolduc.
En 2019, M. Bolduc, Alexandra Dubreuil-Gagnon et Jonathan Benchetrit, propriétaires du réputé H4C situé dans Saint-Henri, ont recruté Michael Roman pour gérer les réseaux sociaux de leur restaurant.
Dany Bolduc devant l’ancien local du H4C. Depuis la fin de son aventure avec Michael Roman, il n’arrive plus à travailler comme chef.
Photo Dominique Cambron-Goulet
À l’époque, ils ignoraient tout de son passé criminel et même son véritable nom: Nickolas Guindon-Vachon.
En offrant cadeaux, voyages, repas dans les grands restaurants, et en leur prêtant de l’argent, Michael Roman gagne rapidement la confiance des trois restaurateurs au point de devenir leur partenaire début 2020.
En 2020, Michael Roman a offert un voyage de cinq jours au Pérou, toutes dépenses payées, à Dany Bolduc et Alexandra Dubreuil-Gagnon, incluant des repas dans de grands restaurants.
Instagram Dany Bolduc
Panoplie de projets
Tremblant, Saint-Bruno, Westmount, le quatuor a alors développé, à l’initiative de M. Roman, une demi-douzaine de projets en restauration. Puis il a pris en charge la comptabilité.
«Michael voulait sans cesse augmenter les prix. Il y avait quelque chose de nébuleux, peu importe l’argent qu’on faisait, selon lui, il en manquait toujours», explique Jonathan Benchetrit.
Rapidement, des fournisseurs se sont plaints de retards de paiement.
En mai 2022, évoquant un manque de liquidités, M. Roman a annoncé à Dany Bolduc qu’il fermait les restaurants.
«J’ai bien beau calculer tous les salaires et les loyers. Il manque 120 000$ minimum. Il est où [cet argent]?» se questionne le chef.
Quand ils parviennent à accéder au compte bancaire de l’entreprise, Mme Dubreuil-Gagnon et M. Bolduc constatent que celui-ci est à sec.
«On vient de passer d’un compte en banque qui était censé avoir plusieurs dizaines de milliers, si ce n’est pas au moins 100 000$ à 4,17$», relate Alexandra Dubreuil-Gagnon.
L’aventure en affaires avec Michael Roman a laissé des traces sur Alexandra Dubreuil-Gagnon, qui a fait une dépression et a même été hospitalisée en psychiatrie en 2021.
Photo Dominique Cambron-Goulet
Dans les jours précédents, un virement de 31 000$ vers le compte personnel de Michael Roman et un autre de 22 000$ vers celui de sa conjointe avaient été effectués, ont-ils constaté.
Un transfert de 144 000$ vers un compte qu’ils n’ont pas pu identifier avait aussi été fait.
Dans une lettre transmise par avocat à ses anciens partenaires, M. Roman a nié s’être enrichi à leur détriment.
Il y prétend aussi ne jamais avoir agi comme administrateur du H4C, contrairement à ce qui est indiqué au registre des entreprises.
Encore des séquelles
«Trois ans plus tard, je continue à payer pour des frais de carte de crédit [et] pour de l’équipement qui avait été sous location pour les divers endroits», raconte Jonathan Benchetrit.
Une partie du salaire de Jonathan Benchetrit sert encore à payer des dettes liées à des équipements loués pour les divers projets de restaurants.
Capture d’écran TVA
Huit procédures civiles, totalisant plus de 100 000$, ont été intentées contre H4C depuis sa fermeture, dont six pour les salaires impayés de 16 ex-employés.
Le trio doit faire face seul à certaines poursuites puisque Michael Roman multiplie les pseudonymes et fournit comme adresse une boîte postale, compliquant la tâche des huissiers.
«Quelques fermetures ou cessions ont été difficiles. À ma connaissance, tous les différends résultants ont été négociés et réglés», a affirmé M. Roman par courriel, mentionnant des «pertes personnelles» de 1,5M$.