La mainmise libérale sur la magistrature ne date pas d’hier

Antoine Robitaille détaillait cette semaine, dans un texte révélateur, comment Trudeau a récompensé le militant libéral Robert Leckey en le nommant juge à la Cour supérieure du Québec.
Cet important donateur au PLC est un adversaire acharné de la Charte de la langue française, contestée devant… la Cour supérieure! Le propagandiste Leckey est même allé jusqu’à prononcer un discours contre la loi 96 dans une manifestation.
Les libéraux fédéraux manipulent la magistrature depuis des décennies. Je me suis intéressé à la question au tournant des années 2000 alors que j’avais développé une source confidentielle au plus haut niveau du PLC au Québec.
À cette époque, les libéraux fédéraux avaient une mainmise totale sur le Comité fédéral de présélection des juges qui choisit parmi les avocats québécois ceux qui aspirent à la magistrature. Le comité était alors composé très majoritairement de personnes liées au PLC.
Ce comité leur attribuait une cote avant de transmettre leur nom au Conseil de la magistrature et au ministère de la Justice. Le poste de juge était la récompense ultime pour service rendu au Parti libéral et au premier ministre d’alors, Jean Chrétien.
«Prospects» rouges au poste de juge
Selon ma source, ça se passait comme suit. Avant de faire ses recommandations, un responsable du comité, un organe du ministère fédéral de la Justice, consultait secrètement le directeur général du PLC au Québec pour savoir si le «prospect» était un type qui avait bien travaillé pour le parti. Et, surtout, s’il était loyal à Jean Chrétien.
Le lieutenant de Chrétien au Québec, Alphonso Gagliano, et son homme de main, Joe Morselli, supervisaient l’opération. Ceux qui obtenaient le certificat de bon libéral pro-Chrétien accédaient quelques mois plus tard à la magistrature.
Témoins importants à la commission Gomery sur le scandale des commandites, Alphonso Gagliano et Joe Morselli ont été blâmés dans son rapport final. Morselli a été présenté par plusieurs témoins qui le craignaient comme le «parrain» de l’aile québécoise du Parti libéral du Canada.
Selon l’enquête Gomery, Gagliano a dépensé illégalement des sommes faramineuses pour contrer les séquelles du référendum de 1995, volé par Chrétien et le camp fédéraliste.
Une justice soumise au pouvoir politique
Il faut le souligner, la chose n’est pas différente avec les conservateurs en ce qui a trait au processus de «nomination politique» des juges. Mais ils sont moins souvent au pouvoir que les libéraux. C’est pourquoi la magistrature est d’un rouge éblouissant.
Le droit au Canada est massivement politisé et faussé en faveur du parti au pouvoir à Ottawa. On a simplement à regarder les décisions judiciaires pour constater qu’elles suivent en général la ligne du programme politique du PLC, que ce soit dans les questions constitutionnelles, les questions éthiques, sociales ou familiales.
Il serait intéressant que des universités québécoises fassent des recherches sur les corrélations entre les décisions judiciaires rendues et les antécédents politiques des juges. Tiens! L’Université McGill, où enseigne Robert Leckey, pourrait prendre l’initiative de telles études.
N’en déplaise à l’Association du Barreau canadien, division du Québec et à son président, Me Jonathan Pierre-Étienne.