Israël: Nétanyahou limoge le ministre de la Défense, Yoav Gallant
Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a limogé mardi son ministre de la Défense Yoav Gallant, après des divergences sur la conduite de la guerre à Gaza, le remplaçant par Israël Katz qui a promis de vaincre les «ennemis» du pays.
Cette annonce surprise intervient dans l’attente du résultat de l’élection présidentielle aux États-Unis, le principal allié d’Israël, pays qui bataille sur deux fronts, contre le Hamas palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban.
«En pleine guerre, la confiance est plus que jamais requise entre le premier ministre et son ministre de la Défense», mais «ces derniers mois, cette confiance s’est érodée», a affirmé Nétanyahou dans une lettre adressée à Gallant.
«Des différences importantes sont apparues […] dans la conduite de la campagne [militaire], accompagnée de déclarations et d’actes qui contredisaient les décisions du gouvernement et du cabinet», a-t-il ajouté.
Nétanyahou a choisi le chef de la diplomatie Israël Katz, surnommé le «bulldozer», pour remplacer Yoav Gallant.
Siégeant au cabinet de sécurité, M. Katz «allie la responsabilité et les qualités de résolution des problèmes avec calme, qui sont essentielles pour diriger cette campagne», a dit le premier ministre.
«Nous travaillerons ensemble pour mener le ministère de la Défense à la victoire contre l’ennemi et pour atteindre les objectifs de la guerre: le retour des otages, la destruction du Hamas, la défaite du Hezbollah, l’endiguement de l’agression iranienne et le retour chez eux dans la sécurité des habitants du nord et du sud [d’Israël]», a assuré M. Katz dans X. Gideon Saar, actuel ministre sans portefeuille, succède à M. Katz.
Inquiétude pour les otages
Gallant s’était imposé comme une figure de proue de la guerre qu’Israël mène contre le Hezbollah au Liban voisin.
Mais il s’était attiré les foudres des partis ultra-orthodoxes, alliés clés de la coalition du premier ministre, en ordonnant la conscription de 10 000 hommes de cette communauté religieuse bénéficiant jusque-là d’une exemption en vertu d’une règle instaurée lors de la création d’Israël en 1948.
En 2018, la question de leur conscription avait créé une crise précipitant le pays dans plusieurs élections législatives.
Nétanyahou a «bien fait» de limoger Yoav Gallant, a réagi le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, de l’extrême droite.
M. Gallant plaidait aussi pour une trêve avec le Hamas en vue d’obtenir la libération des otages encore détenus à Gaza depuis l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 contre Israël, alors que l’objectif martelé par Nétanyahou est un anéantissement de cette formation.
Le Forum des familles, principale association des proches d’otages, s’est dit «profondément inquiet» de son éviction, appelant son successeur à «donner la priorité» à un accord pour la libération des captifs à Gaza.
Dans la soirée, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Tel-Aviv pour exiger un accord permettant la libération des otages.
Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.
«Une question de temps»
«La sécurité d’Israël a été et restera la mission de ma vie», a réagi Gallant dans X.
Israël doit assurer le retour des otages «tant qu’ils sont en vie», a-t-il ensuite déclaré.
Selon l’analyste politique Aviv Bushinsky, ancien chef de cabinet de Nétanyahou, le limogeage de Gallant n’était qu’une «question de temps». «Peut-être que Nétanyahou craint une victoire des démocrates» aux États-Unis, qui aurait rendu «plus compliqué» un tel limogeage.
Nétanyahou se sent «conforté par l’amélioration de sa cote dans les sondages», et «profite aussi de ce que l’attention du monde est ailleurs» avec l’élection américaine, juge Jonathan Rynhold, directeur du département d’études politiques à l’Université de Bar Ilan.
Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque du 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP établi sur des données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L’offensive israélienne lancée en représailles à Gaza a fait 43 391 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas et provoqué un désastre humanitaire.
Mardi, l’armée israélienne a mené de nouvelles frappes meurtrières sur le territoire palestinien assiégé et au Liban.
Au moins 15 personnes ont été tuées dans un raid israélien contre un immeuble d’habitation à Barja, au sud de Beyrouth, a indiqué le ministère de la Santé.
M. Gallant avait réitéré ces dernières semaines son objectif de repousser les combattants du Hezbollah des abords de la frontière libano-israélienne, pour permettre aux quelque 60 000 habitants du nord d’Israël déplacés par les tirs incessants du mouvement libanais de rentrer chez eux.
En soutien au Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023. Après un an de tirs transfrontaliers, la situation a dégénéré en guerre ouverte, en septembre.
Plus de 1990 personnes ont été tuées à travers le Liban depuis le 23 septembre, selon un décompte de l’AFP jeudi soir, reposant sur les bilans officiels.