Il n’est pas trop tard pour faire plier Glencore

Jeudi dernier, Radio-Canada titrait: «Déchets dangereux: la Fonderie Horne a fait plier Steven Guilbeault».
La colère et la tristesse ont fait trois fois le tour de mes veines. «Noooooooon!», avais-je envie de hurler à 6 h du matin.
Chantage
L’enquête de Thomas Gerbet révélait que Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne, était parvenue à convaincre deux ministères à vocation économique d’empêcher le ministère de l’Environnement de… protéger l’environnement!
Et par le fait même, de l’empêcher de protéger la santé de la population de Rouyn-Noranda. Particulièrement celle des enfants déjà surexposés à des contaminants qui hypothèquent leur santé la vie durant.
Selon l’enquête, Glencore aurait menacé de fermer si le ministère de l’Environnement renforçait le contrôle des importations de déchets électroniques dangereux en adoptant les amendements à la Convention de Bâle, signée en 1989.
Encore du chantage! De la part d’une multinationale reconnue coupable de corruption et de violation de droits de l’environnement et de droits de la personne un peu partout sur la planète.
Selon l’enquête, l’imposition de cette nouvelle réglementation coûterait un maximum de 281 000$ par année. Des peanuts pour une multimilliardaire!
Opacité
Ce qui semble le plus l’embêter, c’est l’obligation d’être transparente à l’égard des déchets dangereux qu’elle nous impose.
Il n’est pas normal que des citoyens doivent faire appel à la Loi sur l’accès à l’information, voire aux tribunaux pour savoir ce qui vient nuire à leur santé.
Pas normal, non plus, que nos gouvernements dépendent de données provenant principalement des entreprises pour savoir si elles sont conformes ou non. On a besoin de plus de données venant de sources indépendantes. À Rouyn-Noranda comme ailleurs.
Consultations
Contrairement à ce que l’on pourrait croire en lisant l’enquête de Radio-Canada, Steven Guilbeault m’a assuré qu’il n’a pas refusé les amendements à la Convention de Bâle. Son ministère est encore en consultation à cet égard.
C’est donc l’occasion pour la population de se faire entendre pour que le Canada fasse passer la santé de sa population AVANT les profits de Glencore. Il faudra mettre énormément de pression pour lui donner le courage que Québec n’a pas eu.
Résister
En ce moment, il y a beaucoup de situations à l’égard desquelles on se sent impuissant, notamment en ce qui concerne les politiques américaines. Agir où on a du pouvoir fait du bien.
S’exprimer contre l’importation de déchets dangereux, dont la majorité nous arrivent des États-Unis pour être recyclés ici, alors qu’ils devraient l’être chez eux, en est un.
Qu’ils assument les coûts environnementaux et sociaux de leur surconsommation plutôt que de nous les faire payer et qu’après, on leur exporte les métaux tout propres qu’on en extrait et qu’ils nous surtaxent!
Si on n’est pas capable de s’attaquer à la pollution de l’air à Rouyn-Noranda, comment espérer avoir un impact sur la crise climatique, un défi beaucoup plus complexe?
*Pour mieux comprendre ce qui se passe avec la Fonderie Horne, je vous propose de lire Zones sacrifiées, en librairie dès le 4 février.