Hôpital Maisonneuve-Rosemont: on croyait en vous, Monsieur Dubé

Christian Dubé est probablement le ministre de la Santé le plus apprécié que le Québec ait connu depuis longtemps. Compétent, calme, humain, il dégage cette rare impression d’un homme qui fait de son mieux, pour de bonnes raisons, et sans calcul partisan. Il n’a pas promis de miracles, mais il a inspiré la confiance. Et ça, en politique, c’est aussi rare qu’un hôpital en bon état à l’est de Montréal.
On aurait voulu croire jusqu’au bout à son «grand chantier de la santé». Moi, je voulais y croire. Même quand ses décisions semblaient mal avisées ou précipitées, on se disait: s’il le fait, c’est qu’il doit y avoir une logique qu’on ne voit pas. Bref, Dubé bénéficiait d’un capital politique exceptionnel, surtout dans un système où la méfiance est devenue la norme.
Décision inhumaine
Mais voilà qu’il choisit de laisser pourrir (au sens littéral) l’hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Un hôpital vétuste, infesté, aux infrastructures délabrées, où les plafonds fuient, où les ascenseurs sont si vieux qu’on craint pour la sécurité des patients, et où les unités ferment faute d’être sécuritaires. Un hôpital crucial pour l’est de l’île, pour une population nombreuse, souvent vulnérable, souvent mal desservie.
Christian Dubé avait pourtant promis que les travaux débuteraient dès cet été. Il avait lui-même reconnu que la situation était inacceptable. Et aujourd’hui, il recule. Il parle d’«ordonnancement des projets», d’un «calendrier à revoir», de «priorités à équilibrer». Bref, le bon vieux langage administratif pour faire passer une décision injustifiable.
Pourquoi?
Mais alors, posons la vraie question: si Maisonneuve-Rosemont, dans l’état où il est, n’est pas une priorité, qu’est-ce qui l’est?
Ce qui étonne, ce n’est pas seulement le recul. C’est que Dubé accepte de s’associer à cette décision. Qu’il engage sa crédibilité sur un reniement aussi flagrant. Qu’il brade son héritage politique pour faire preuve de loyauté envers un gouvernement qui, clairement, ne partage plus son sens de l’urgence.
S’il ne se représente pas en 2026, comme plusieurs le supposent, pourquoi choisir de quitter la vie publique sur une telle note? Pourquoi salir son bilan avec un dossier aussi symbolique, aussi humainement scandaleux?
C’est à n’y rien comprendre. Ou alors, à tout comprendre trop bien.