Gilbert Rozon est un «réel prédateur», selon les neuf femmes qui le poursuivent

Si les présumées victimes du fondateur de Juste pour rire le décrivent comme un «réel prédateur», Gilbert Rozon croit qu’il a été pris pour cible puisque le Québec cherchait son Harvey Weinstein en pleine vague #MoiAussi.
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«Après le viol, ça a été une espèce de révolte, de colère, un désarroi. Mais je vais réaliser l’ampleur de cet acte sur moi des années plus tard», a lancé Lyne Charlebois, l’une des femmes accusant Gilbert Rozon d’agression sexuelle.
Son procès civil s’est ouvert lundi au palais de justice de Montréal. Elle réclame à l’ex-magnat de l’humour plus de 14 M$, conjointement avec huit autres femmes, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Patricia Tulasne, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Marylena Sicari et Martine Roy.
Mme Charlebois est la première à s’être présentée à la barre des témoins.
Lyne Charlebois est la première présumée victime de Gilbert Rozon à prendre la barre au procès civil les opposant.
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
La réalisatrice a dit avoir rencontré l’ex-magnat de l’humour au début des années 1980 afin de discuter d’une opportunité de contrat dans ses bureaux.
Ils se seraient rejoints en soirée dans un bar de l’avenue du Mont-Royal. Gilbert Rozon l’aurait ensuite invitée chez lui le temps de changer sa chemise, a indiqué Mme Charlebois, 67 ans.
Lyne Charlebois ne se souvient plus de ce qui s’est passé entre le sofa et la chambre à coucher, où Gilbert Rozon l’a «violée».
«J’ai eu la peur de ma vie, je croyais me faire tuer», a précisé Mme Charlebois, soulignant avoir quitté rapidement le logement par la suite.
Toute sa vie, la scénariste s’est «trouvée niaiseuse» d’avoir figé et a rempli le vide avec la drogue.
«C’est le temps que la honte change de camp», a d’ailleurs souligné Me Bruce Johnston, l’avocat des neuf femmes à l’ouverture du procès civil.
Faits similaires
Il entend présenter une preuve des faits similaires, qui viendra démontrer le modus operandi répété par l’ex-magnat de l’humour.
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Lyne Charlebois était l’une des premières à avoir pris la parole publiquement pour dénoncer Gilbert Rozon en 2017. Elle avait publié un statut sur Facebook qui a mené aux articles dans les médias levant le voile sur les inconduites sexuelles perpétrées par le fondateur de Juste pour rire.
Elle a ensuite porté plainte à la police, mais aucune accusation n’a été finalement retenue dans son dossier.
Selon l’avocate de Gilbert Rozon, Me Mélanie Morin, les femmes «se sont organisées rapidement et se sont contaminées dans leurs souvenirs et leurs histoires».
«On cherchait notre Weinstein du Québec, il était le personnage parfait pour la situation», a précisé Me Morin. Elle faisait ainsi référence au producteur américain dénoncé par plus de 90 femmes et finalement condamné à 16 ans d’emprisonnement pour agressions sexuelles.
L’homme de 70 ans soutient avoir eu des relations consentantes avec trois des femmes, tandis que les autres dénonciations seraient «des histoires invraisemblables».
Saga judiciaire
Il s’agit donc d’une nouvelle manche de cette saga judiciaire. En 2020, la Cour d’appel avait refusé une demande d’action collective le visant faite par un regroupement de femmes appelé Les Courageuses.
Puis, la même année, Gilbert Rozon avait été acquitté d’accusations criminelles de viol et d’attentat à la pudeur aux dépens d’Annick Charette.
Le témoignage de Lyne Charlebois devant la juge Chantal Tremblay se poursuit mardi.