Entente de principe entre Québec et Terre-Neuve: Hydro souhaite injecter 25 G$ pour trois nouveaux projets hydroélectriques au Labrador

Québec et Terre-Neuve en sont venus à une entente de principe historique: en plus de régler le litige sur le coût de l’énergie du barrage Churchill Falls, les deux partenaires souhaitent bâtir deux nouvelles centrales hydroélectriques. Hydro-Québec est prête à investir 25 milliards $ pour assurer l’avenir énergétique au Québec à un «coût abordable».

• À lire aussi: Dans les années 1950, personne ne voulait de l’électricité terre-neuvienne

«C’est gagnant-gagnant», a assuré le premier ministre François Legault. Son homologue terre-neuvien Andrew Furey était, quant à lui, euphorique.

Après des dizaines d’années de conflit devant les tribunaux, Québec et Terre-Neuve ont scellé une entente de principe pour l’utilisation de l’énergie du barrage de Churchill Falls.

En raison d’un accord signé en 1969 qui arrivera à échéance en 2041, le Québec achète au rabais à 0,2 cent du kilowattheure (¢/kWh), sans indexation possible, l’hydroélectricité provenant de Churchill Falls.

Le premier ministre François Legault a reconnu qu’il s’agissait d’un mauvais pacte pour Terre-Neuve.

L’entente de principe prévoit que le Québec paierait maintenant 4 ¢/kWh, soit 20 fois plus cher, jusqu’en 2075. Hydro-Québec resterait actionnaire de 34% de Churchill Falls.

Il en coûtera ainsi 9 G$ de plus que prévu au Québec jusqu’en 2041.

Deux centrales

L’entente comprend également une réfection des turbines de l’ouvrage et la construction de deux nouvelles centrales, incluant celle de Gull Island.

Le Québec pourrait ainsi sécuriser minimalement 7200 MW, incluant tous les projets, provenant du Labrador à une moyenne de 6 ¢/kWh pour les 50 prochaines années. Ces mégawatts représentent 25% de l’ensemble de l’énergie consommée au Québec (voir encadré).

Gull Island est «le meilleur projet en Amérique du Nord», a plaidé le premier ministre Legault. L’autre centrale se nommerait Churchill Falls 2 et serait adjacente à celle déjà existante.

Hydro-Québec agirait à titre de maître d’œuvre des trois projets et injecterait 25 G$. Une ligne de transport pourrait aussi être construite au Québec à un coût d’environ 2 à 3 milliards de dollars. Selon la société d’État, il s’agit du prix le plus bas pour de l’énergie verte en Amérique du Nord.

Hydro-Québec veut construire trois nouveaux projets hydroélectriques sur la rivière Churchill en plus d’une ligne de transport au Québec.

Courtoisie Hydro-Québec

Terre-Neuve aux anges

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador Andrew Furey a été accueilli en héros lors de l’annonce. Il a même déchiré la vieille entente sur scène, devant François Legault, sous un tonnerre d’applaudissements.

Il avait déclaré l’an dernier: «Show us the money (montrez-moi l’argent)!»

M. Furey a eu ce qu’il voulait, a-t-il signalé. Il estime à 200 G$ les retombées pour Terre-Neuve, ce qui «changera tout» pour sa province, a-t-il dit.

François Legault plaide que le Québec fait aussi un gain de 200 G$ en raison des faibles coûts de revient pour produire l’électricité avec les projets au Labrador. «Je ne connais pas personne qui aurait refusé de signer ça», a-t-il dit, soutenant que c’est le deal dont il est le plus fier depuis qu’il est premier ministre. Un pacte pour les générations futures, mentionne M. Legault.

Bas tarif

Hydro-Québec cherche à produire près de 10 000 MW de plus d’ici 10 ans.

Pour y arriver, elle souhaite investir rapidement plus de 150 G$ et ainsi doubler sa capacité de production afin que le Québec atteigne la carboneutralité d’ici 2050.

À elle seule, l’ouvrage de Gull Island générerait jusqu’à 2250 MW, soit près du double du complexe de la Romaine.

Hydro-Québec assure qu’un nouveau contrat avec Terre-Neuve permettrait d’assurer de bas tarifs pour les Québécois et plafonner la hausse de la facture résidentielle à 3% par année. Les secteurs commercial et industriel verraient leurs tarifs grimper de 4% à 5% annuellement. Une entente avec le gouvernement de Terre-Neuve permettrait à Hydro-Québec d’accélérer son plan.

Québec et Terre-Neuve ont toutefois beaucoup de travail à faire avant d’arriver à une vraie entente signée.

Les négociations ne sont pas terminées et les partenaires se donnent plusieurs mois pour nouer l’entente.

Ils devront d’ailleurs conclure un partenariat avec les communautés autochtones pour le transport de l’énergie et réaliser des études de terrain.