Discours d’adieu: Biden met en garde contre «une oligarchie qui prend forme» en Amérique

Dans un discours d’adieu extrêmement sombre, Joe Biden s’est inquiété mercredi de voir l’Amérique tomber aux mains d’une «oligarchie», visant sans les nommer Donald Trump et les multimilliardaires désormais rangés derrière lui.
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«Je veux mettre en garde le pays contre certaines choses qui m’inquiètent grandement», a dit le démocrate de 82 ans, cinq jours avant de laisser le pouvoir à son plus grand rival, le président élu républicain.
«Il s’agit de la dangereuse concentration du pouvoir aux mains de très peu de personnes ultra-riches» et des «conséquences dangereuses si leur pouvoir est laissé sans limites», a-t-il dit, depuis le Bureau ovale.
«Une oligarchie prend forme en Amérique» et elle «menace concrètement notre démocratie toute entière, nos droits et libertés élémentaires», a poursuivi Joe Biden, dans une allusion évidente à Donald Trump, milliardaire, ainsi qu’aux richissimes patrons de la technologie, au premier rang desquels Elon Musk.
Le patron de Tesla, SpaceX et X, allié indéfectible et tonitruant du président élu, mais aussi Jeff Bezos (Amazon, Blue Origin) et Mark Zuckerberg (Meta) assisteront à l’investiture de Donald Trump lundi, d’après la chaîne de télévision américaine NBC.
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«Désinformation»
Ces «trois personnes possèdent aujourd’hui plus de richesses que la moitié la plus pauvre de la société américaine», s’était insurgé mardi Bernie Sanders, figure de la gauche aux États-Unis.
«Les Américains sont ensevelis sous une avalanche de désinformation qui permet l’abus de pouvoir», a encore déploré Joe Biden, en appelant à faire «rendre des comptes» aux réseaux sociaux et à mettre en place des «garde-fous» sur l’intelligence artificielle.
La «concentration de richesse et de pouvoir […] porte atteinte au sens de l’unité et du bien commun. Elle cause la défiance et la division», a encore dit le 46ème président des États-Unis, délaissant l’optimisme qui a souvent marqué ses discours.
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Il s’est alarmé aussi des «forces puissantes» qui voudraient «éliminer les mesures que nous avons prises pour affronter la crise climatique.»
Ces mises en garde très fortes ont relégué au second plan, dans son discours, la volonté de défendre son bilan, en particulier le lancement de gigantesques plans d’investissement et le rétablissement des grandes alliances internationales des Etats-Unis.
«Aberration»
Lorsqu’il rendra à son rival républicain lundi les clés de la Maison Blanche, qu’il lui avait enlevées de haute lutte voici quatre ans, le démocrate de 82 ans vivra une suprême humiliation.
En 2019, Joe Biden avait assuré que Donald Trump “resterait dans l’histoire comme une aberration passagère”.
Mais c’est sa présidence à lui qui fait pour le moment figure d’anomalie, ou d’ultime hoquet d’une époque révolue, dans un pays secoué par de violentes mutations politiques, culturelles et économiques.
Joe Biden avait prêté serment deux semaines après l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, qui refusaient de reconnaître la défaite de leur champion à la présidentielle.
Président impopulaire, il n’a jamais pu lever les inquiétudes sur son âge ni faire pièce à l’attrait de la rhétorique populiste de Donald Trump.
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Seulement 36% des Américains portent un regard positif sur sa présidence et 33% ont de lui une opinion favorable, selon un sondage publié mercredi par la chaîne CNN.
Si Joe Biden lègue à son successeur une croissance robuste et un chômage très faible, son mandat reste synonyme pour les ménages américains de très forte hausse du coût de la vie.
Le président démocrate avait décidé au printemps 2023 de se représenter face à Donald Trump mais s’est retiré de la course en juillet, cédant la place à la vice-présidente Kamala Harris, nettement battue le 5 novembre.
Concluant son discours, au soir de cinquante années de vie politique, Joe Biden a lancé à ses compatriotes: «À votre tour de monter la garde».