Cinq fois plus de demandes depuis la grève: des entreprises de livraison québécoises héritent des clients de Postes Canada
Le conflit chez Postes Canada profite à des entreprises québécoises de livraison qui y voient une occasion de multiplier leur clientèle à la recherche de solutions pour expédier de la marchandise.
«Quand il y a une grève chez Postes Canada, c’est sûr que tout le monde se lance sur les solutions de rechange. […] On a, par semaine, plus que le nombre d’inscriptions qu’on a normalement par mois», lance le directeur de comptes nationaux chez FlagShip, Daniel Rondeau. L’entreprise montréalaise sert d’intermédiaire entre des petits commerçants et des services d’expédition, comme Purolator ou Nationex par exemple.
«Un peu comme Trivago magasine les hôtels, notre système magasine les options d’expédition. On négocie des tarifs préférentiels et on en fait profiter notre clientèle qui n’a pas assez de volume à avoir un escompte», explique-t-il.
«De trois, quatre clients par semaine à trois, quatre, cinq par jour»
L’entreprise de livraison lavalloise Courrier SLR note aussi une forte augmentation de la demande depuis le début de la grève, le 15 novembre. «On est passés de trois, quatre nouveaux clients par semaine à trois, quatre, cinq par jour après la grève», affirme le président de Courrier SLR, Gaël Radier.
Son entreprise offre des services de livraison le jour même et dit aussi permettre à de petits commerçants de profiter de tarifs aussi bas que ceux de Postes Canada, mais de livrer plus rapidement. «C’est une alternative pas juste pendant la grève, pour tout le temps. [Pendant] la dernière grève de Postes Canada, il y a des marchands qui ont quitté Postes Canada et qui sont encore avec nous maintenant», précise M. Radier.
Le conflit confirme au président d’une entreprise de Laval spécialisée dans l’affichage publicitaire qu’il a fait le bon choix en expédiant ses colis avec Courrier SLR.
«L’exemple c’est en ce moment, la grève, on est à la merci de tout ça. Les clients qui veulent avoir leur matériel installé pour la campagne […], on ne peut pas attendre dans un mois […] Des fois, c’est plus pratique travailler avec des entreprises plus petites», dit Éric Tanguay.
Un chèque de 20 000$ qui se fait toujours attendre
Certains de ses clients passent toutefois par Postes Canada pour le payer. «On en a un [chèque] pour 20 000$, on n’a toujours rien reçu, pis le client me dit: “J’ai envoyé le chèque, Éric. C’est dans Postes Canada!”», explique celui qui songe désormais à changer d’expéditeur même pour la livraison d’enveloppes. «Ce n’est pas rentable […] On ne peut pas se permettre le temps d’attendre tout cet argent-là», insiste-t-il.
La grève dure depuis maintenant deux semaines. Conciliation travail-famille et meilleur salaire sont au cœur des revendications des syndiqués alors que Postes Canada rappelle la nécessité de rendre son modèle de livraison plus flexible pour pallier les pertes s’élevant à des milliards de dollars.
Photo Agence QMI, Marie-Laurence Delainey
Rencontré sur les lieux de piquetage, le président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes de la section locale de Saint-Hyacinthe dit comprendre les risques qui viennent avec un conflit. «C’est sûr que c’est inquiétant pour l’avenir, on espère que la business va rester pour l’entreprise canadienne, mais on n’a pas de contrôle là-dessus», explique Jonathan Fontaine.