Chefferie PLQ: un gouvernement libéral va assouplir la Charte de la langue française
Un prochain gouvernement libéral va assouplir la Charte de la langue française. Tous les candidats à la chefferie veulent l’amender.
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Pour la première fois, les cinq aspirants-chefs déclarés étaient réunis cette fin de semaine à Lévis à l’occasion du Congrès du Parti libéral du Québec. Une occasion de multiplier les poignées de main, mais aussi d’ouvrir un peu leur jeu.
«On devrait scrapper [la loi 96]», a lancé dimanche, catégorique, Denis Coderre, au sujet de la législation caquiste qui a renforcé la Charte de la langue française en imposant notamment le gel des inscriptions dans les cégeps anglophones.
Les quelque 950 membres qui participaient à l’évènement ont adopté des résolutions donnant le feu vert à la création d’une Constitution québécoise, mais aussi à la modification de la loi 101.
Le candidat Frédéric Beauchemin est du même avis que l’ex-maire de Montréal. Comme père de famille, il déplore que le gouvernement Legault ait limité l’accès des francophones à l’établissement collégial de leur choix.
«En tant que parent, ce que j’aurais souhaité pour mes enfants, c’est de les envoyer au cégep de leur choix pour qu’ils puissent aller dans l’université de leur choix. Et s’ils veulent aller dans une université anglophone parce qu’ils veulent avoir une carrière internationale ou une carrière basée à Montréal avec des clients à l’international, parler anglais, c’est une bonne affaire pour eux autres», a illustré le député de Marguerite-Bourgeoys.
Selon lui, retirer cette disposition de la Charte de la langue française ne va pas contribuer à affaiblir notre langue commune.
Rodriguez, l’enfant de la loi 101
Autre prétendant au trône libéral, Pablo Rodriguez projette aussi de mettre fin au gel des inscriptions dans les collèges de langue anglaise.
DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
Enfant de la loi 101, il tient à la Charte de la langue française. Lorsqu’il est arrivé au Québec à l’âge de huit ans avec ses parents et ses deux sœurs, il ne parlait pas un mot de français.
Mais il estime que la disposition récemment ajoutée qui force les immigrants installés au Québec depuis plus de six mois à recevoir des communications de l’État exclusivement en français ne tient pas la route.
«Six mois pour apprendre le français, ce n’est pas nécessairement évident!» a-t-il confié aux journalistes. Il a du même souffle reconnu que son apprentissage de la langue de Molière avait été relativement rapide. «Car j’ai compris une chose, c’est que si je n’apprenais pas le français, je n’aurais pas beaucoup d’amis. Alors je me suis grouillé», s’est-il rappelé.
Ce qui indispose Charles Milliard, ce sont principalement les mesures imposant davantage de bureaucratie aux compagnies. «Il y a des embûches majeures pour les entrepreneurs», a-t-il signalé. Qu’on pense par exemple à la traduction «de tous les contrats dans tous les domaines».
Il est lui aussi en faveur d’un «petit ménage» dans les nouvelles mesures ajoutées dans la Charte de la langue française.
Retirer des droits
Le chef intérimaire Marc Tanguay, qui tiendra les rênes de la formation politique jusqu’à l’élection d’un nouveau chef à la mi-juin, défendra lui aussi cette idée qu’il faut s’affranchir des dispositions qui «tapent sur la tête» et «retirent des droits fondamentaux» à des citoyens.
DIDIER DEBUSSCHERE/JOURNAL DE QUEBEC
Selon lui, les immigrants nouvellement arrivés devraient pouvoir bénéficier d’un délai plus long que six mois pour apprendre le français, et tous les jeunes du Québec devraient avoir le droit de choisir librement le cégep qu’ils veulent.
«Le six mois obligatoire, la clause dérogatoire de façon préventive, se sont tous des éléments qui viendraient être modifiés avec un gouvernement libéral, a-t-il renchéri. Ce n’est pas vrai que c’est en limitant les opportunités pour nos jeunes qu’on va faire épanouir le français».
Marc Tanguay croit que pour renforcer la langue commune il faut d’abord s’assurer qu’il y ait un enseignant dans chaque classe pour l’enseigner aux petits et que les nouveaux arrivants puissent bénéficier de cours de francisation, ce que le gouvernement Legault ne fait pas.