Ces fruits et légumes verront leurs prix et qualité affectés par le boycottage américain

Le boycottage des produits américains à l’épicerie, entraîné par la guerre commerciale, va frapper votre facture d’épicerie et votre assiette.
«Boycotter les États-Unis, c’est facile pour l’ananas et la banane qui n’y poussent pas, mais c’est plus compliqué pour d’autres produits», avoue Guy Milette, vice-président exécutif de Courchesne Larose.
Proposer des alternatives aux épiceries, c’est le travail de cet importateur qui travaille, entre autres, pour Provigo, Metro et IGA.
Depuis l’imposition des tarifs douaniers début mars, ses clients lui demandent de s’adapter aux consommateurs qui se détournent des produits américains.
Il doit trouver la meilleure qualité au meilleur prix pour plus de 1000 produits.
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Les agrumes
C’est une mission facile pour les citrons, les oranges et les pamplemousses qui peuvent voyager d’Europe, d’Afrique et d’Amérique centrale.
«On a presque doublé notre importation d’agrumes, notamment du Mexique, pour compenser ceux de la Californie», dit Guy Milette.
Vous ne devriez pas remarquer de changement à la caisse ou dans votre assiette.
Guy Milette, vice-président exécutif du géant de la distribution Courchesne Larose qui reçoit 500 000 caisses de fruits et légumes par semaine, le 25 mars 2025 à Montréal.
ALEX TARDIEU/AGENCE QMI
ALEX TARDIEU/AGENCE QMI
Les salades
Des alternatives sont aussi possibles pour la laitue, même si la qualité ne sera pas la même à cause du transport. Plus la route est longue, moins la salade sera fraîche.
«Les salades qui viennent du Mexique vont faire 2 à 3 jours du côté mexicain et un autre 4 à 5 jours du côté américain avant d’arriver ici, alors que la salade américaine, c’est 4 à 5 jours maximum», explique Guy Milette.
Des oranges de Californie dans une caisse, le 25 mars 2025 à Montréal.
ALEX TARDIEU/AGENCE QMI
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Peu d’options
Dans les prochains mois, il sera cependant difficile de trouver une solution de rechange aux raisins, aux melons et aux cerises qui proviennent surtout des États-Unis. Peu d’options existent plus près de chez nous, surtout l’été.
«Pour l’instant, le raisin vient de l’Amérique du Sud. Dans quelques semaines, il viendra du Mexique, mais la récolte de la Californie sera ici de juillet à octobre. Il n’y aura pas d’autres options si on veut boycotter les États-Unis», explique Guy Milette.
Épicerie plus chère
L’importateur et grossiste CanadaWide doit aussi s’adapter aux évolutions rapides du marché et s’approvisionne de moins en moins aux États-Unis.
«Dans les années 80, 90% de nos produits venaient des État-Unis. Maintenant, c’est 50% et ça va devenir 40%, voire 30%», estime George Pitsikoulis, président de cette entreprise familiale.
George Pitsikoulis, président du grossiste et importateur Canadawide dans la salle distribution de cette entreprise familiale située sur la rue de Beauharnois Ouest, à Montréal, le 25 mars 2025.
ALEX TARDIEU/AGENCE QMI
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Mais, selon lui, le consommateur joue un rôle central dans l’équation. «Le céleri d’Espagne est beaucoup plus cher que le céleri américain. C’est quoi le plus important, la sensibilité aux produits américains ou l’argent dans nos poches?»
Même si l’industrie agroalimentaire a l’habitude de s’adapter en raison des catastrophes climatiques, le boycottage américain chamboule les relations commerciales.
«On doit faire affaire avec des régions du monde avec lesquelles on n’a jamais fait affaire. Négocier des meilleurs prix, c’est moins facile», explique le spécialiste de l’industrie agroalimentaire à l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois.
À ce jour, seules les tomates, les haricots et les agrumes des États-Unis sont soumis aux tarifs douaniers. Le 2 avril, d’autres pourraient s’ajouter à la liste, des deux côtés de la frontière.