À la recherche du prochain Jean Chrétien

C’est une curieuse bête politique que Jean Chrétien. Mais il faut bien reconnaître qu’en politique étrangère, il a toujours eu du flair. Le refus de participer à la seconde guerre contre l’Irak demandait à la fois de la perspicacité et du courage. Il les a eus.
Il est révélateur que jusqu’à présent, devant les menaces trumpistes d’annexion, Jean Chrétien soit le seul dirigeant canadien à être monté au front avec clarté et pugnacité.
M. Chrétien évoque l’urgence et la nécessité de répondre à Donald Trump par une alliance résolue des démocraties. Il a raison.
Mais voilà, Justin Trudeau est incapable de présider une telle alliance. Pierre Poilievre semble y avoir renoncé en professant son dédain pour les relations internationales.
Pourtant, face aux États-Unis, le Canada a plus que jamais besoin d’alliés. Des alliés qui d’une manière ou d’une autre seront éventuellement touchés par les méthodes autoritaires de Trump.
Certains proposent de renforcer les liens entre le Canada et des pays totalitaires comme la Chine. C’est une erreur.
Toute alliance de la sorte coûtera au Canada bien plus qu’elle ne rapportera.
Absence de leader fort
La seule solution consiste, comme le propose M. Chrétien, à profiter de la situation pour renforcer les liens entre le Canada et les autres pays démocratiques.
Le problème est qu’on ne voit pas très bien qui peut montrer autant de leadership au Canada. Si Jean Chrétien n’avait pas 91 ans, il pourrait très bien être ce dirigeant.
Au moins, dans sa lettre de samedi, M. Chrétien montre qu’il est prêt à aider quiconque veut défendre le Canada contre le trumpisme.
L’absence de dirigeant actif à la hauteur de la situation est manifeste.
À perdre
Ceux qui dénoncent les abus du Canada contre le Québec n’ont qu’à bien se tenir en cas d’annexion du Canada par les États-Unis.
La culture américaine submergerait encore davantage le Québec; les frais de scolarité deviendraient prohibitifs; les coûts du système de santé doubleraient; il faudrait dire adieu à la laïcité; la Cour suprême du Canada deviendrait la corrompue et très trumpiste Cour suprême des États-Unis; le droit à l’avortement serait menacé; les armes seraient en vente libre; les problèmes de drogue augmenteraient; le français disparaîtrait encore plus rapidement que maintenant, etc.
Unis contre le trumpisme
Ainsi, comme le remarque M. Chrétien, les indépendantistes québécois et les nationalistes canadiens sont unis contre le trumpisme par des intérêts le plus souvent similaires, au-delà des clivages partisans traditionnels.
Ce genre de lutte peut servir de creuset à l’identité nationale, loin des délires de Justin Trudeau sur le postnationalisme multiculturel.
Elle peut aussi être utilisée pour réaffirmer la place du Québec dans le Canada ou au besoin la transcender.
Qui se lèvera pour incarner cette lutte? Espérons que rapidement, des dirigeants, nouveaux ou anciens, se montreront à la hauteur du défi.