80 ans plus tard, qu’avons-nous vraiment appris de l’Holocauste?

C’était le 27 janvier 1945. Il y a 80 ans. En Pologne, l’armée soviétique libérait les survivants affamés et terrorisés du camp nazi d’Auschwitz-Birkenau.
Un million de femmes, d’hommes et d’enfants y avaient été exterminés avec sadisme et barbarie pour l’unique raison qu’ils étaient juifs.
Jusqu’aux derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, dans ce camp de la mort et dans bien d’autres construits par les nazis, plus de six millions de personnes juives ont été tuées.
Aujourd’hui, le mot «génocide» est galvaudé à des fins purement politiques. On en perd même le sens véritable.
À l’opposé, la Shoah fut une opération ouvertement génocidaire d’une amplitude sans précédent. Planifiée par le régime nazi d’Adolf Hitler, elle fut «opérationnalisée» de manière tout à fait méthodique.
La soi-disant «solution finale» visait à rayer les Juifs de la terre parce qu’ils étaient juifs. Le 7 octobre 2023, les terroristes du Hamas ont tué sauvagement des Israéliens parce qu’ils étaient juifs.
Un massacre exécuté et filmé sur le sol même d’Israël – soit le pays créé après le massacre de la Shoah et depuis, le seul État juif de la planète.
Pour les survivants
Pour les survivants de l’Holocauste, dont près de 10 000 au Canada, les commémorations comme celle des 80 ans de la libération d’Auschwitz sont à la fois souffrantes et faites d’espoir.
La souffrance s’exprime par leurs témoignages courageux. L’espoir est celui du «jamais plus». La montée fulgurante de l’antisémitisme depuis l’attaque du 7 octobre 2023 mine toutefois l’espérance.
D’où l’urgence de prendre la relève des survivants. De plus en plus âgés, n’ont-ils pas déjà tout donné pour nourrir la mémoire vacillante du monde?
Tellement vacillante qu’en Occident, des balles sont tirées sur des écoles juives. Des étudiants et professeurs juifs sont menacés sur des campus.
Des commerces sont boycottés parce qu’ils appartiennent à des personnes juives. Même le salut nazi est banalisé par un homme aussi puissant qu’Elon Musk, le bras droit du président de la plus grande puissance mondiale.
Réveiller la mémoire
Des suprématistes blancs n’hésitent pas non plus à arborer la croix gammée. Des manifs appellent à la disparition d’Israël. Les partis et mouvements d’extrême droite sont en montée.
C’est comme si la mémoire collective de l’Holocauste s’étiolait sous nos yeux. D’où l’importance d’en parler. De l’enseigner dans les écoles. Pour redonner leur humanité volée aux victimes de la Shoah et aux survivants.
Pour empêcher qu’ils ne finissent en statistiques déshumanisées dans un vieux livre d’histoire que plus personne ne voudrait lire.
Pour comprendre aussi le rôle crucial de tous ceux qui, avant et durant la guerre, ont risqué leur vie pour cacher et sauver des femmes, des enfants et des hommes juifs pourchassés et menacés de mort par les nazis.
Pour prendre conscience de la fragilité des démocraties quand des leaders populistes haineux prennent le pouvoir lors d’élections qu’on croit pourtant garantes de paix, de sécurité et de justice.
Les nazis ont en effet été élus en 1933. Avant la guerre, ils ont tout d’abord persécuté les citoyens juifs dans l’indifférence absolue du reste du monde.
Comprendre pour ne pas répéter est aussi la mission des musées de l’Holocauste, dont celui de Montréal. Il faut y aller. Apprendre et ressentir.
Pour affronter les démons de la haine. Pour comprendre l’importance vitale d’un État juif. Pour que la suite du monde, osons l’espérer encore, soit meilleure.